2 jours à Fès et sa Médina
Après 5 jours à Merzouga et une bonne nuit de bivouac dans l’Erg Chebbi, nous voilà de retour à Fès pour une journée et 2 nuits avant de reprendre l’avion pour la France.
Fès, ou Fez, est une ancienne capitale du Maroc, actuellement 2ème plus grande ville du pays avec un peu plus d’1.000.000 d’habitants (le double de la capitale actuelle Rabat mais trois fois moins que Casablanca, la plus peuplée). La ville est découpée en 2 parties assez distinctes :
Nous arrivons en début de soirée pour déposer nos affaires et prendre quartiers dans une auberge de jeunesse dans la ville nouvelle. Il s’agit du centre d’accueil Al-Qods qui se trouve à quelques centaines de mètre de la grande avenue Hassan II, l’équivalent de nos Champs Elysées à Paris.
Coucher de soleil sur l’Avenue Hassan II à Fès
Nous faisons un tour à la découverte du centre ville et aussi pour essayer de trouver un pub, on en rêve ! Car oui, boire une bière au Maroc, hormis dans les grandes villes, ce n’est pas chose aisée ! Aucun restaurant ou café de Merzouga ne proposait de bières. Alors ce n’est pas vital pour nous occidentaux, je vous l’accorde, mais quand même ! UNE BIÈRE !
Palmiers de l’avenue Hassan II à Fès
Cela change de Merzouga, beaucoup de monde dans les rues et les tenues vestimentaires berbères ont laissé place au style occidental. Klaxon dans les rues, grandes enseignes type McDonald’s, Burger King, Carrefour, Virgin, etc. A première vue, rien ne permet de distinguer Fès d’une grande ville d’Europe. Même la température ici doit tourner entre 15 et 20°.
Après un aller/retour sur l’avenue Hassan II, on se pose dans un pub qui nous attire en disant qu’ils servaient des bières. Choix entre une Flag africaine, une Budweiser américaine et une Heineken hollandaise, mon choix se porte vers l’américaine en souvenir de celles que je buvais à l’auberge de jeunesse à Miami.
Petite bière à Fès
Accompagnée de quelques arachides et graines de courges, achetées à un petit vendeur, servies dans une page de magazine. On est bien là ! Pour le repas ce sera la chaine de restauration Monsieur Brochette. Franchement pas terrible pour le prix ! Je ne recommande pas. Voilà pour notre tour dans la ville nouvelle. Rien d’exceptionnel donc, la suite de la visite de Fès sera bien plus authentique, le lendemain.
7ème jour
La nuit de sommeil a été bonne, et pour une journée complète dans la médina, je vous conseille de vous coucher tôt la veille. Vous verrez pourquoi ! Prenez des forces également avec un bon petit déjeuner (quoiqu’il est facile de se restaurer partout dans la médina). On trouve une bonne adresse sur le boulevard Hassan 2 pour un bon petit déjeuner en terrasse au soleil : XXXXX.
Mosquée Imam Malik – Petit déjeuner sous le soleil de Fès
Un bon choix de pâtisseries marocaines, de jus, thé à la menthe, il y a même des salades de fruit et des yaourts. Il y a un bon choix de pâtisseries comme les crêpes (msemmen), samoussas aux amandes (briouate), cornes de gazelle, etc. La plupart de ces gâteaux sont recouverts de miel et sont du coup TRÈS sucrées, ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre !
Briouate aux amandes à Fès
Le gâteau que vous voyez au-dessus pourrait nourrir une famille de 12 personnes pour le petit déjeuner ! Je n’ai pas réussi à le finir. Je ne pense pas risquer l’hypoglycémie avec ça. On est parés pour rejoindre la médina en bus.
Pour aller de la ville nouvelle vers la médina, qui est totalement à l’extérieur de la ville, il faut prendre un transport, taxi, bus, etc. car il y a entre 3 et 4km de distance.
Qu’est ce que la Médina ?
La Médina est le plus ancien quartier de la ville de Fès, fondé au VIIIe siècle et abrite aujourd’hui la plus ancienne université au Monde. Elle est construite à proximité d’un cours d’eau au coeur d’un petit vallon. Il y a donc des marches partout dans les rues, attention pour les personnes à mobilité réduite.
L’entrée de la médina peut se faire par plusieurs portes, quatorze au total qui en font tout le tour. Nous nous garons sur un parking facilement accessible, sur la place Boujloud, à l’ouest.
Place Boujloud à l’entrée de la Médina de Fès
La porte du même nom Bab Boujloud, vous fait entrer dans la médina plutôt en hauteur. Il faut donc descendre pour aller dans son cœur.
Porte Bab Boujloud – Médina de Fès
Et c’est partie pour le labyrinthe géant !!
En effet, la Médina de Fès compte environ 10.000 rues et ruelles, dont certaines sont larges de moins d’un mètre ! Il est impossible d’y circuler en voiture. C’est d’ailleurs la plus grande ville piétonne au monde ! Il faut dire qu’il n’y a pas trop le choix car Fès a gardé sa structure médiévale, peu de choses ont été rasées ou reconstruites. N’espérez pas vous repérer sur Google Maps, c’est impossible !
Ruelles de la Médina de Fès
La densité de population atteint les 55.000 hab/km², ce qui en fait l’un des endroits les plus densément peuplés au Monde. Cette densité de bâtiments incroyable a un avantage, celui d’offrir de l’ombre aux habitants quasiment en permanence ! Si ce n’est par les constructions, ce sont des tentures ou des pergolas qui ont été installées.
Rues ombragées de la Médina de Fès
La balade dans les rues est bien plus agréable qu’à Rissani car les commerçants n’accostent pas (ou peu) les touristes, il faut dire qu’il y en a tellement, qu’ils n’ont pas besoin. C’est plutôt zen comme ambiance du coup. On trouve évidemment des boutiques très touristiques, surtout répartis sur les principaux axes de la Médina comme la rue Talaa Sghira, rue Talaa Kebira ou encore autour de la fontaine Nejjarine.
Vendeur de babouches dans la Médina de Fès
Hormis les revendeurs de produits touristiques. On trouve aussi beaucoup d’artisans, qui travaillent directement dans leurs boutiques.
Artisans dans la Médina de Fès
Au fur et à mesure que l’on s’enfonce au centre de la Médina, on perd des éléments de notre groupe. Pas de soucis, on s’est donné rendez-vous au bus à 18h30. Il faut faire attention si l’on ne veut pas se séparer. Il faut se donner des points de ralliement sinon comme la Fontaine Nejjarine ou le musée des arts et métiers du bois qui se trouvent sur une petite place.
Fontaine Nejjarine à gauche et fontaine à droite
Conseil important !
Vous allez vous faire accoster par des rabatteurs vous proposant de les suivre pour visiter les terrasses. N’hésitez pas, suivez les !!
On est parfois trop méfiants, de peur de se faire soutirer de l’argent. Mais ici, on ne nous a rien demandé, le deal c’est qu’après être montés sur les terrasses pour profiter de la vue et même de la visite guidée, vous terminerez dans des boutiques de sacs, de tapis, etc. Rien de vous obligeant à acheter. Pour être sûr de ne pas avoir à débourser 1 dirham, dîtes à votre rabatteur que vous ne voulez pas payer la visite.
Nous suivons donc un jeune homme habillé en survêt’ Lacoste/Adidas très local, qui nous dirige vers une maison, on suit le guide qui nous remet à tous des feuilles de menthe avant de monter sur les terrasses. Nous allons voir les tanneurs, et les odeurs ne sont pas des plus agréables.
Quartier des tanneurs à Fès
C’est magnifique, ces bassins en terre remplis d’eau de différentes couleurs, cela fait partie des incontournables de la Médina ! Un guide nous explique le procédé de tannage des peaux. Les peaux de chèvres, vaches, moutons, chameaux sont mises à tremper dans les bassins blancs remplis de chaux et de fiente de pigeon (concentrée en ammoniac), d’où l’odeur extrêmement nauséabonde, amplifiée par la chaleur. On comprend bien mieux l’utilité des feuilles de menthe !
Les cuves de chaux et d’ammoniac, tanneries de Fès
Une fois les peaux devenues brutes, elles sont placées dans les cuves de teinture contenant des colorants naturels comme du coquelicot pour le rouge, de la menthe pour le vert, du bois pour le marron, de l’indigo pour le bleu, et du safran pour le jaune. D’ailleurs, les cuirs jaunes peuvent être parfois plus chers que les autres, le safran étant une épice onéreuse.
Cuves de teintures, tanneries de Fès
Les conditions de travail des tanneurs sont extrêmes, sous le plein soleil, noyés dans ces fortes odeurs, à manipuler des peaux de bêtes enduites de produits corrosifs. On pourrait y apposer une photo en face du terme « pénibilité du travail ». Il faut compter une trentaine de jours pour qu’une peau soit prête à être travaillée par les artisans.
Les tanneurs à l’oeuvre dans la Médina de Fès
Il existe plusieurs terrasses et plusieurs places d’où vous pouvez voir les tanneurs mais peu importe d’où vous les voyez, c’est l’une des images marquantes et l’un des sites incontournables à Fès.
La Médina est parsemée de monuments, il est impossible de tous les voir. Par exemple, elle compte plus de 200 mosquées ! La plus grande est la mosquée et université Quaraouiyine, en faire le tour est un challenge car toutes ses rues sont commerçantes et bondées de monde. On y trouve aussi un Mausolée, celui de Ahmed Tijani, tout en dorure, sculpture, bref sobriété et modestie !
Mausolée Ahmed Tijani à Fès
Dans la rue à l’angle de la porte du mausolée, il y a une barre en bois à environ 1m70 de haut. Elle a été posée pour que les passants baissent la tête à l’approche du mausolée en marque de respect.
Problème !
Enoncé : Sachant que les voitures ne peuvent pas circuler et qu’il est très difficile de le faire à moto car il y a des marches partout. Comment font-les gens pour transporter les lourdes charges ? …Vous avez 1h…
Correction : Et bien à dos d’âne pardi !! Il n’est pas rare de croiser ces bêtes de somme chargées de peaux de bêtes ou de sacs de ciment.
« Les djellabas, Les ânes dans la rue, l’écriture illisible »…OSS 117
Il est quasiment impossible pour moi de retracer l’itinéraire des rues que j’ai traversé et ce que j’ai vu, pourtant je suis cartographe ! C’est un véritable labyrinthe et il n’y a presque aucune indication de direction, si ce n’est quelques panneaux indiquant la place R’cif, la plus grande place au coeur de la Médina.
Place R’cif dans la Médina de Fès
On s’installe à une terrasse à l’étage d’un café restaurant avec vue agréable sur la porte et la Mosquée R’cif. Encore de bons tajines au poulet et à la viande, installé avec le wifi, j’en profite pour suivre le match Stade Rochelais – Union Bordeaux Bègles sur mon téléphone et bien sûr assister à la victoire de La Rochelle…
Suivre les matchs du Stade Rochelais au Maroc…Check !
En même temps, on a même le droit à un duo de musiciens gnaouas, qui font tourner leurs chapeaux sur leurs têtes. Ils me l’ont même mis sur la tête pour que j’essaye…Avec succès ! Il manque la vidéo, quel dommage ! Les gnaouas sont des descendants d’esclaves venus du Niger, Sénégal, Mali, Ghana.
Musique gnaoua à Fès
Ca fait un boucan pas possible !! Et ça ne fait pas fuir les chats venus quémander des morceaux de viande de notre table. Ils sont magnifiques n’est-ce-pas ?
Les photos de chat, c’est toujours un succès ! Comme Uncle Ben’s
Bon bref, ce sont des chats ! Après cette pause bienvenue, je repars à l’assaut des ruelles de la Médina, histoire de faire quelques achats mais surtout de m’imprégner de l’atmosphère de la ville. Il ne faut pas hésiter à sortir des rues commerçantes principales.
Nous sommes à nouveau invités à monter sur une terrasse (gratuitement) pour profiter du panorama à 360° sur toute la Médina et les minarets des mosquées. Un type très sympa qui nous explique tout ce que l’on voit depuis le toit, entre les forts, les ruines, les mosquées, etc. Evidemment, en redescendant, on passe chez un vendeur de tapis, mais nous ne sommes pas obligés d’acheter.
Vue panoramique depuis les terrasses dans la Médina de Fès
Une fois quelques achats faits (de la cannelle, de l’huile d’argan), on sort de la Médina. Evidemment le groupe s’est égrainé au fur et à mesure, donc on s’attend sur la place Boujloud. Vu que personne n’arrive, on décide de monter aux tombeaux des Mérinides qui surplombent la Médina.
Panoramique sur la Médina de Fès
Cette vue permet de se rendre compte de la densité de construction et de repérer les monuments comme la grande Mosquée et ses toits verts.
Mosquée et université Quaraouiyine dans la Médina de Fès
Fès étant en altitude moyenne (580m), ses paysages, en dehors de l’urbanisation, ont un petit côté Auvergne, vous ne trouvez-pas ?!
L’Auvergne ? Non, Fès au Maroc !
Voilà qui clôture ce séjour d’une semaine au Maroc, on peut dire à double visage entre Merzouga, isolée aux portes du Sahara, sa culture berbère et Fès, grande ville plus fraîche, chargée d’histoire. Ce n’est pas l’image de tout le Maroc, et ces deux approches permettent de se rendre compte des multiples visages qu’offrent le Maroc.